Mohammed Aziz Lahbâbi
Blessures Souveraines
Assailli par l’insomnie,
il fait des vers pour tuer la nuit.
Le ciel filtre par la fenêtre.
Progressivement,
une indécise lumière troque,
contre un flasque horizon,
sa pâle blancheur du matin
encore une nuit insensée, vide,
et colèreusement blanche,
livre le poète à une journée douteuse
et lourdement noir,
où le géant espace perd déjà son épaisseur
janvier gris de ma tristesse,
que n’ai-je prodigué de voeux
aux centaines d’amis indifférents!
Point d’aide pour assumer les blessures
souveraines,
et pleines fissures
chacun porte son propre cimetière
où s’enterrent les cendres des jours !
J’ai Toujours Faim
page 364
Vivre en chanson
l’hymne sans rythme
devenu gerbe de frais frissons
s’ouvrir à l’amour vierge.
sur une terre dégourdie
qui présente ses lèvres salées
le luth sème la tendresse,
l’archet s’anime et gémit,
la musique partage nos passions
j’ai toujours faim,
et toujours du mot juste
Appétissante passion
Rançon Quotidienne
page 365
chaque journée paie sa rançon
chaque médina consomme sa part de sang.
Chaque quartier porte son deuil, sa ration
chaque famille a son mur,
et de profondes lamentations
qui déchirent les coeurs et durent
au sein du silence conspirateur,
les larmes se rebellent,
seuls, les coeurs se dressent, en accusateurs