Touria Ikbal
Et il me dit
Et il me dit :
Soumets-toi à moi
Je serai ton maître
Ton guide qui te suffira
Je te conduirai
sur le chemin de la vérité
Et il me dit :
Ôte tes sandales
Dépouille-toi
de tout ce qui n’est pas toi
Livre-toi à ma sagesse
et marche sur mes traces
Et il me dit :
J’aurai sans cesse le regard rivé sur toi
Tu ne sombreras point
Tes yeux seront fermés
Car les miens désormais ouverts sur toi
Et il me dit :
Le moment est arrivé
ton maître est là
Celui qui n’a pas de maître
égare sa voie
Et il disparut au moment même
où je m’apprêtai à le suivre
Sans bruit/War … Zat
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Sans… Bruit
Tu t’apprêtes à accueillir tes hôtes
êtres de projection et de réception
offrant un moment de sérénité
à l’âme assoiffée d’absolu
et d’éternité
Sagesse désabusée
Incurable avidité
Sans.. Bruit
Tes fresques en pisé
Pierres venues d’ailleurs
Tes regards étoilés
à l’affût d’harmonie
brodent dans les cœurs
un fil d’espoir construit
et reconstruit
ne meurt pas de sa mort
renaît dans les replis de tes nuits
Sans.. Bruit
L’eau jaillit de tes profondeurs
Ton four
l’athanor
dans son alchimie
sacrifie son tas
et devient nour
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purifie les rancoeurs
adoucit les aiguillons
Sans.. Bruit
Tu danses sur les vagues du rêve
Souffles
Vibrations
Essoufflement
Ahwaches
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Tes ballerines divines
voguent
au rythme ivre des amants
Tes notes de lumière
frissonnent jusqu’au ravissement
Aveugles, tes convives boivent
les gorgées de ton rythme
Le cercle en transe
erre dans un tourbillon d’ivresse
Un pas, deux
Puis un et deux
Extrême euphonie
Etourdissement
L’univers est symphonie
Sans… Bruit
Sultane des humbles
frugale et Somptueuse
Aux lueurs aînées de l’aube
Ton chevalier invisible
Emir des équivoques
te conduit
élégamment
sur les ailes colorées d’un papillon
au bord …du poème
Vertige
Dans la matrice de l’immensité
je te porte une éternité
je te porte un sens
mûrissant dans mes entrailles
jusqu’à la vieillesse
de moi tantôt s’approchant
tantôt se détachant
s’agitant
aux grés de mes vicissitudes
grandissant
grandissant
grandissant
Vertiges et égarements
me taraudent
et les ouragans de la passion
Subitement
un appel à l’existence de toi s’empare
et le désir de paraître afflue en ton être
Mon corps refuse la désunion
Mes sens crient angoisse et tressaillement
Tu t’obstines à prendre forme
J’acquiesce
Tu éclates des replis de mon être
un sens qui meut toutes les lettres
Tu jaillis de la glaise de mon indigence
une lueur perçant le voile de l’ignorance
Tu t’extirpes hors de moi
au fin fond de l’univers
emportant le sens de ma quintessence
me léguant la perpétuelle quête de ton essence
et la nostalgie le secret de mon existence
Corps mutilé
coeur supplicié
je ne suis désormais que le reflet de ton reflet
l’ombre effacée au fond de ton miroir
le désir en moi brûle de désir de te voir
Mes forces s’ébranlent
Des états d’une effarante complexité
de moi s’emparent
arrachement
déchirement
propos
recueillement
enivrement
dégrisement
délaissement
relâchement
nostalgie
ironie
angoisse
mélancolie
lassitude
folie
A part toi
y a t-il une vérité ?
Tu es la vérité des vérités
la substance de l’unicité
Au tréfonds de moi
tout est confusion
la force est faiblesse
le doute est certitude
la joie est empreinte de tristesse
je ne sais plus qui je suis
je voudrais hurler ou murmurer
peu importe :
Qu’importe
tout ce qui n’est pas toi ?